Du Loup Endormi

Du Loup Endormi Bouvier Bernois

Bouvier Bernois

Le Lymphome

Clinique Vétérinaire Alliance 33300 Bordeaux est l'auteur de cet article.



Le lymphome du chien

Définitions préalables :

On utilise couramment  le terme de « ganglion » pour désigner ces structures sphériques ou oblongues impliquées dans  nos défenses immunitaires locales et placées dans tout le corps sur le trajet des voies lymphatiques. De nos jours, les médecins et vétérinaires utilisent plutôt comme synonyme le terme de nœud lymphatique.

 

La cytoponction est un acte quasi indolore et de réalisation simple et rapide. Il consiste à récolter par aspiration quelques cellules de la structure qu’on cherche à identifier : une aiguille introduite directement en son sein permettra d’en réaliser une sorte de « carottage » par aspiration. Les cellules collectées sont ensuite étalées sur une lame de verre, colorées et examinées au microscope. On parle d’examen cytologique.

 

Introduction :

Le lymphome du chien plus communément appelé tumeur des ganglions est un cancer fréquent chez le chien. Il n’y a pas un lymphome, mais des lymphomes ; chaque sous-groupe a son propre pronostic et vraisemblablement son propre traitement spécifique. Il existe en effet une très grande variété de lymphomes si l’on considère d’une part leur classification en types et sous-types, d’autre part la diversité des bilans d’extension au moment de leur prise en charge (possibilité que le  lymphome ne touche que les nœuds lymphatiques ou bien les nœuds lymphatiques et aussi d’autres organes comme par exemple la rate, le foie, la moelle osseuse…). De ces deux informations dépendront en partie les choix thérapeutiques proposés. Leur recueil est donc essentiel et constitue toujours un préalable au traitement.

Clinique Vétérinaire Alliance - Mesure ganglion pied à coulisse

Diagnostic du lymphome canin :

La présence chez un chien de plusieurs nœuds lymphatiques (ganglions) hypertrophiés représente d’emblée une très forte suspicion de lymphome. Cette suspicion sera confirmée après cytoponction de plusieurs de ces nœuds lymphatiques et analyse cytologique.

Cette cytologie permet non seulement de confirmer avec certitude le diagnostic de lymphome mais aussi de le typer. On distingue deux types de lymphomes : les lymphomes dits B et les lymphomes dits T (moins fréquents). Pour chacun de ces deux types on définit aussi des sous-catégories appelées sous-types.  Parfois un examen dit de cytométrie de flux dans un laboratoire spécialisé sera nécessaire pour préciser cette identification.

La connaissance du type et du sous type de lymphome permettent d’en préciser statistiquement le pronostic lui-même évalué le plus souvent par le taux de survie à un an  (% de patients encore en vie au bout d’un an de traitement). Attention il s’agit bien d’une donnée générale et donc en aucun cas d’une prévision pour un individu donné !

 

Bilan d’extension du lymphome canin :

Réaliser un bilan d’extension consiste à rechercher et recenser dans l’ensemble du corps de l’animal  tous les foyers de prolifération tumorale. Autrement dit on s’interroge sur le fait de savoir si le lymphome a contaminé un ou plusieurs ganglions, et éventuellement d’autres organes et, dans ce cas, lesquels.

Les examens permettant de réaliser ce bilan d’extension sont :

  • Une palpation de toutes les aires ganglionnaires, complétée de leur cytoponction si on suspecte une hypertrophie et de leur mesure pour l’évaluation à venir de la réponse au traitement.

  • Une échographie abdominale pour visualiser les nœuds lymphatiques abdominaux mais aussi la structure de la rate et du foie qui sont des sites privilégiés de métastase en cas de lymphome.

  • Une ponction de moelle osseuse pour évaluer une éventuelle extension de la maladie à ce tissu où sont produites toutes les cellules sanguines. Dans ce cas, le pronostic est sensiblement moins bon.

  • Moins systématiquement une radiographie thoracique pour rechercher une éventuelle hypertrophie du nœud lymphatique dit sus sternal ou même un scanner cérébral en cas de signes neurologiques (rare).


 

Données générales autour du traitement :

– Le traitement de choix du lymphome est quasi-exclusivement la chimiothérapie. On parle de monochimiothérapie quand on utilise une seule drogue mais, le plus souvent, une polychimiothérapie est conseillée. On associe alors plusieurs médicaments anti cancéreux.

– La guérison n’est que très rarement obtenue et n’est donc pas un objectif. Plus raisonnablement on vise  l’obtention d’une rémission complète la plus longue possible, c’est-à-dire une vie normale sans altération du confort de vie de l’animal.

– La cortisone, bien que souvent et rapidement  très efficace contre le lymphome, ne doit pas pour autant être utilisé seule trop longtemps (en pratique pas plus de 15 jours et seulement en urgences pour soulager rapidement l’animal). En effet, si cette consigne n’est pas respectée des mécanismes de résistance sont induits et les chimiothérapies deviennent moins efficaces.

– Il existe plusieurs protocoles de traitement contre le lymphome. Aucun n’est parfait …aucun n’allie à la fois efficacité maximale, garantie d’une toxicité minimale et coût minimal. Une discussion entre le propriétaire et le praticien permet de faire un choix en fonction de tous ces critères.

 

Les différents protocoles simples, leurs avantages et leurs inconvénients :

 

Protocole avec une seule drogue.

En monochimiothérapie, la doxorubicine est actuellement la drogue disponible la plus efficace. Elle permet d’obtenir la disparition de tous les symptômes chez près de 70% des animaux traités et avec une survie qui dépasse 1 an pour plus de 50% d’entre eux.

L’intensité du protocole est faible : le propriétaire ne doit venir que toutes les 3 semaines pour les perfusions et ne donne aucun comprimé.

La toxicité de ce protocole est faible à moyenne.

Par contre, le coût de chaque séance est assez élevé (dépendant du poids de l’animal). Ceci doit toutefois être tempéré en raison du nombre limité de séances (maximum 6 séances car au-delà la doxorubicine induit immanquablement des effets cardiotoxiques)



Protocole de polychimiothérapie :

 

1. Protocole de Cotter dit COP.

Ce protocole associe trois drogues :

  • la cyclophosphamide (commercialisée en France sous le nom d’ENDOXAN) correspond à la lettre “C”. Elle est utilisée en général par voie orale.

  • la vincristine. Cette dernière commercialisée sous le nom d’ONCOVIN correspond à la lettre “O”. Elle doit être injectée en intraveineuse stricte.

  • la prednisolone commercialisée par différents laboratoires vétérinaires correspond enfin à la lettre “P”. donnée quotidiennement le 1er mois, puis tous les deux jours en phase dite d’entretien.


Ce protocole comprend donc deux phases :


  • Une phase d’induction qui dure 4 semaines et permet d’obtenir la disparition de tous les symptômes (dans 70% des cas) avec des traitements hebdomadaires.

  • une phase d’entretien qui a pour but de maintenir cette situation de rémission complète et donc de vie confortable et normale pour l’animal grâce à la réalisation d’une séance de chimiothérapie toutes les 3 semaines.


L’intensité de ce protocole est moyenne (visites fréquentes lors de l’induction puis toutes les 3 semaines, distribution de comprimés).

Sa toxicité est moyenne à faible.

La survie obtenue avec ce protocole est plus courte en moyenne qu’avec l’adriblastine.

Le coût de chaque séance est  moindre qu’avec l’adriblastine mais le traitement est entrepris pour une durée longue, ce qui rend son coût total plus élevé par exemple pour 1 année de traitement.

 

2. Protocole de type L-CHOP

Les protocoles de ce type associent de nombreuses drogues et correspondent à un protocole COP auquel sont ajoutées la L-Asparaginase (“L”) et la doxorubicine (“H”). Ce sont les protocoles de choix aujourd’hui.

Leur avantage réside surtout dans une efficacité thérapeutique plus grande, permettant d’obtenir  dans 80 à 90% des cas la disparition de tous les symptômes pour une durée dépassant les 14 mois dans plus de 50% des cas.

Le coût est par contre plus important et le risque de toxicité augmente logiquement.

 

3. Autres stratégies thérapeutiques

D’autres molécules sont aussi utilisées bien que moins fréquemment. Par exemple, assez régulièrement, la Lomustine. Cette molécule permettrait dans un certain nombre de cas d’augmenter la durée des rémissions complètes. Mais aussi la dacarbazine, la mitoxantrone…

Par ailleurs, plusieurs études récentes démontrent l’intérêt de la vaccination dans le traitement des lymphomes canins d’immunophénotype B, le plus souvent en complément d’un protocole classique.

Une autre  thérapie dite thérapie ciblée commence également à être utilisée dans le traitement des lymphomes  dit T chez le chien. Les premiers résultats sont intéressants et invitent à une utilisation plus fréquente.

 

Conclusion :

Le lymphome canin est certes un des cancers les plus fréquents du chien, mais il est aussi l’un de ceux que les vétérinaires soignent le mieux aujourd’hui. Ceci signifie que les traitements permettent souvent à l’animal de vivre longtemps, normalement et confortablement. Pour autant il ne faut pas oublier une grande disparité des réponses aux traitements, leurs contraintes et enfin que l’on doive toujours considérer cette affection comme une maladie chronique, c’est-à-dire dont l’animal ne guérit presque jamais.